Le petit paradis

Notre rapport au développement durable n'est pas un concept intellectuel ou un ensemble de règles que nous nous imposons ; c'est l'essence même de notre existence, une évidence qui s'écoule de notre connexion à la forêt qui est notre foyer. Nous ne cherchons pas à "durer" en consommant "mieux", nous cherchons à vivre en harmonie avec ce qui dure depuis toujours : la Terre et ses cycles immuables. Pour nous, la durabilité commence par une forme de décroissance choisie et heureuse. Le monde moderne cherche des solutions technologiques pour soutenir un mode de vie énergivore. Notre démarche est inverse : nous avons réduit nos besoins à l'essentiel le plus pur. Nous ne nous demandons pas quelle énergie est la plus "verte", mais comment vivre en ayant besoin du moins d'énergie possible. Notre chauffage, c'est le bois mort que la forêt nous offre, notre lumière, celle du soleil et des bougies, notre eau, celle de la source. Chaque ressource est un cadeau, non un dû. Cette simplicité volontaire est notre acte écologique le plus puissant, car le déchet le plus facile à traiter est celui que l'on ne produit pas. Le terme "développement" lui-même nous semble étranger. Il sous-entend une croissance, une expansion. Nous préférons le mot "épanouissement". Nous ne cherchons pas à développer notre emprise sur le monde, mais à épanouir notre lien avec lui. Nous ne voyons pas la nature comme un stock de "ressources naturelles" à gérer durablement, mais comme un ensemble d'êtres vivants avec qui nous cohabitons. Nous ne prenons rien sans une forme de consentement silencieux, en veillant à ne jamais appauvrir le sol qui nous nourrit, à ne jamais perturber l'équilibre fragile de notre environnement. C'est un dialogue constant, une écoute de chaque instant. Notre développement est intérieur ; il se mesure à la profondeur de notre respect et de notre compréhension du vivant. Notre contribution à un monde plus "durable" n'est pas politique ou militante au sens classique. Elle est incarnée. En vivant ainsi et en accueillant ceux qui souhaitent faire une pause, nous montrons qu'un autre paradigme est possible. Un paradigme où le bonheur ne dépend pas de l'accumulation de biens, mais de la richesse des liens : lien à soi, à l'autre, et au monde naturel. Notre durabilité est celle de l'âme, celle d'une paix qui ne peut naître que lorsque l'on cesse de se battre contre la nature pour enfin danser avec elle.